Un merde lancé à qui parle pour ne rien dire, c’est un peu de vérité, de vérité boueuse jetée à la figure de ceux qui font des phrases et qui, peut-être, ne savent plus eux-mêmes ce qu’il en est, bernés qu’ils sont par leur propre berceuse.
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C’était tellement provoquant, tellement incorrect, tellement vulgaire et cependant joyeux, tellement disruptif, en ce temps où ce mot n’existait pas encore
Comme si les êtres humains étaient des cousins juvéniles des autres grands singes, comme si la séparation de notre branche avec celle des chimpanzés et bonobos, il y a quelques sept millions d’années, avait simplement permis que se développe, comme espèce propre, une forme de singe toujours enfant
Je sais bien, quand je croque dans le bras de mon bonhomme de pain d’épice, qu’il ne s’agit que d’un biscuit fait de farine et de sucre. Mais n’aurait-il pas cette forme de bras, mon plaisir serait moins grand.
Retirer sa signature d’une pétition au seul motif qu’elle fut lancée par une personne qu’on estime peu recommandable, c’est disqualifier la parole en considérant que les mots sont moins importants que celui qui les prononce.
Nous nous complaisons dans le vertige mallarméen d’un néant qui se mire et trouve, ma foi, qu’il présente assez bien.
En l’absence de partage, le plaisir de la liberté se dissout et file entre nos doigts ; il devient une sorte de fausse monnaie, de chose à jamais trompeuse et incomplète
Elle devait sentir cela, Simone de Beauvoir, quand elle croisait Simone Weil : qu’elle était certes un peu ridicule, un peu pénible, cette jeune femme, avec cette façon de prendre tout à coeur et de verser des larmes qui ne servaient à rien ; mais aussi que sans des êtres comme cela, sans des coeurs capables de battre à travers l’univers entier, le monde était perdu.
Il y a tant de choses dont nous sommes insatisfaits et dont rendons le manque de temps responsable en sachant bien, au fond, que le temps n’y est pour rien et que nous y sommes pour tout.
À chaque instant, la vie suscite de l’inédit, rendant caducs nos scénarios et créant de nouveaux possibles, qui n’avaient pas été envisagés. Les systèmes physiques et mécaniques ont des points de basculement au-delà desquels les règles changent ; chez les êtres vivants, chaque instant est point de basculement ouvrant sur l’inconnu.