Penser la résolution de la crise écologique en termes économiques est peut-être un moyen de toujours échouer, la pensée économique étant justement une des principales causes de la crise écologique.
Étiquette : écologie
Peut-être faut-il, pour renouer le lien avec le monde, lui rendre sa vraie valeur, redonner son vrai prix à une nature intacte. Et peut-être est-ce là aussi un autre défi de la transition écologique.
Épouser l’épaisseur du monde. L’embrasser avec amour. S’y plonger sans espoir de retour à des solutions simples. Voilà le défi du temps. C’est ce que dit le :”En même temps”.
Il faut apprendre à voir le monde comme ce nouveau-né de la Nativité, plus puissant que tous les puissants de la terre, mais qui, en ce jour de naissance dans son étable de Bethléem, n’est que fragilité. Il est Dieu mais ne vit pourtant, ne survit pourtant que par l’amour qu’on lui porte, l’attention qui lui est dédiée. Et sans amour, ce dieu mourrait
Aussi sophistiqués soient les plans sur la comète, aussi élaborés les scénarios des stratèges, aussi sûrs les prédictions des devins et des augures, le futur est toujours inconnu ; la vie est transition, le temps est transition. C’est pourquoi aussi la vie est aventure et c’est pourquoi aussi elle vaut d’être vécue.
La capacité de l’homme à créer de la beauté, à mettre au monde des œuvres qui l’embellissent est un don divin.
Quelle pitié que nous en mésusions ainsi pour salir, enlaidir, tuer. Quelle tristesse que nous ravagions ce que nous avions pouvoir d’embellir.
Je demeure étonné devant notre capacité à cloisonner notre esprit et à vivre et à agir dans ce monde si hétéroclite, si rempli de contradictions. Étonné et ravi. Car il ne sert à rien de pleurer au prétexte des malheurs du monde. Il faut rire. Rire et aimer et faire ce que nous pouvons sans céder au découragement et à l’immensité de la tâche.
Que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres.
C’est pourquoi la catastrophe écologique nous heurte et nous blesse plus profondément que nous ne saurions le dire, plus profondément peut-être que nous n’en avons conscience. Ce n’est pas seulement la survie de l’homme en tant qu’espèce ou ses conditions de vie futures qui nous préoccupe et nous touche dans la destruction à laquelle nous assistons ; c’est la blessure qui nous est à nous-mêmes infligée et que nous ressentons comme telle : quelque chose de nous-même est affecté, quelque chose de nous-même s’effiloche, se corrompt et se perd dans ces animaux qui disparaissent et cette terre qui s’immondice. C’est à nous-même que le coup est porté.